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There is a light
18 janvier 2014

Motif

 

Assis devant sa tasse vide, il savourait encore le goût de l'expresso qui persistait sur sa langue. Un après-midi ennuyeux, terne, ni pluvieux ni ensoleillé, comme il y a tant à Paris. Il était venu là seul, dans l'espoir, peut-être, de faire une rencontre agréable. Non loin derrière lui, un groupe de quatre adolescentes gloussait. A sa droite, une femme, la cinquantaine, l'air sévère et le cheveux terne, semblait attendre quelqu'un. Il faisait un peu froid et l'étiquette de son pull lui grattait la nuque : pourquoi ne pas rentrer ? Un groupe de touristes japonais s'arrêta en face du café : ils scrutaient une façade, guidés par le commentaire d'un vieux guide bedonnant. Et elle passa. Un pas rapide, mal assuré. Ni grande, ni petite, un sac rouge en bandoulière et une robe à motifs colorés. Derrière elle, une odeur trop sucrée qui ne lui plaisait pas. Ensuite, il y eut son dos, et les longues mèches brunes qui l'habillaient. Il ne savait pas trop pourquoi, mais il adorait les chevelures des femmes. Le visage, les jambes, les seins...peu importe. Mais ces cheveux...une toile dans laquelle il se serait volontiers laissé prendre. Il avait laissé 2 euros sur la table et songea à se lever pour la suivre. Il se gratta la nuque : foutue étiquette...Oh, et puis zut...il allait la suivre. La suivre juste pour le vent dans ses cheveux, et malgré son parfum écoeurant. Elle avait contourné la place et était partie vers la gauche. Il pouvait marcher vite. Tout en se pressant, il se disait qu'il était malade, qu'il devrait arrêter tout de suite, rentrer, prendre un bouquin, prendre une bière. Mais il ne le fit pas. La chevelure dansait devant lui, et ça le rendait dingue. Il imaginait sa chaleur, il imaginait ses doigts, juste quelques instants, juste l'effleurer...Il pressait le pas et se disait qu'il y était presque. Comme à chaque fois. Quand il arriva assez près pour tendre la main, il fut horrifié par ce qu'il était en train de faire, s'arrêta en faisant semblant de refaire son lacet et se gratta à nouveau la nuque, jusqu'au sang. Lorsqu'il leva à nouveau le regard, la chevelure avait disparu.

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